LE LYCEE JEAN MOULIN UNE ARCHITECTURE ORIGINALE
Bienvenue au lycée Jean Moulin.
Une oeuvre d’architectes communaux
Le lycée est une des oeuvres les plus originales des architectes communaux Henri Quarez (1867-1952) et Gustave Lapostolle (1896-1959). Ils ont travaillé pour la ville de Vincennes entre 1906 et 1959 (mais aussi pour des particuliers), et ainsi marqué le paysage urbain local : ils ont conçu et fait ériger le monument aux morts du cimetière ancien, la caserne des pompiers, les bains-douches, des écoles, des logements sociaux, les agrandissements de l’église, de l’hôtel de ville, …
Une école publique, gratuite et laïque pour tous
Le lycée, appelé initialement Groupe scolaire du Sud, est d’abord projeté place Carnot, à la fin des années 1920, dans le contexte politique de la IIIe République (1870-1940). Quelques décennies après le vote de la loi Jules Ferry rendant l’enseignement primaire obligatoire, il s’agissait alors de répondre à cette exigence dans une ville en pleine expansion démographique et urbanistique.
A la scolarisation de masse et à l’égalité des chances pour tous correspondaient aussi des exigences en matière d’accueil, d’hygiène et de confort : « Il faut que l’école attire l’enfant […qu’elle] ait de belles et grandes salles bien aérées et bien ensoleillées, pas de barreaux aux fenêtres surtout. Il faut de grandes cours, […] et, si c’est possible, un jardin avec des fleurs. Il faut que nous fassions pour elle ce que nos pères faisaient pour leur église. L’école c’est notre église laïque à tous » (Paul Bert, ministre de l’Instruction publique 1881-1882).
Les plans, visés par le ministre, font alors état de classes de 48 à 50 élèves, chaque élève devant disposer d’un espace de 1,25 m2 à 1,50m2 et d’un volume d’air de 5 m3. L’éclairage, la disposition des tables et du pupitre du maitre sont soigneusement étudiés. On se soucie de l’aération des locaux, mais aussi des cours de récréation et des préaux dont les surfaces sont réglementées. Les arbres, bancs, cabinets d’aisances font aussi l’objet de strictes recommandations. C’est globalement dans cet esprit qu’est conçu le Groupe scolaire du Sud.
Un bâtiment moderne
Hygiène, sécurité et confort
Cette école, à l’état de projet, était désignée comme le « Groupe de l’Avenir ». Elle réunissait toutes les innovations de l’époque. Tout y était pensé et aménagé pour le bien-être et la santé des enfants : chauffage central, vestiaires, toilettes à chaque étage, service médical implanté au centre du bâtiment. Chaque détail comptait : les allèges des fenêtres, abaissées, permettaient aux enfants de regarder au-dehors. Les grandes fenêtres, métalliques et non plus en bois, ont été conçues spécifiquement par les prestigieux établissements de ferronneries Brandt. Elles étaient composées de trois parties, dont deux mobiles, manoeuvrées par un système ingénieux de manivelle, le tout pour obtenir une aération optimale. Toujours par souci d’hygiène et de sécurité, le carrelage remplaçait le parquet tandis que le ciment antidérapant supplantait le gravier sur le sol de la cour. On vantait même le synchronisme des horloges électriques de la façade sur cour.
Un nouveau style
L’architecture du bâtiment fait référence au style « Bauhaus », style moderne et caractéristique des années 1930. La simplicité et la pureté des lignes remplacent les décors chargés et l’ornementation superflue. En témoigne notamment la façade sur cour où prédominent les lignes horizontales, les murs portants étant réduits au minimum. C’est ce que permet l’utilisation, qui se généralise, du béton armé : de vastes espaces ouverts, propices à la circulation, l’aération et l’éclairage naturels avec l’intégration de grandes baies vitrées. Les cages d’escaliers, véritables « puits de lumière », sont elles aussi largement vitrées.
Bien que le gros oeuvre soit en béton armé, la brique, rouge et de première qualité, est utilisée en parement, sur un modèle caractéristique des établissements scolaires des années 1930 (on parlait d’écoles « hollandaises »), mis au point par Michel de Klerk à Amsterdam.
Dans la façade sur rue, l’avant-corps de la loge du gardien se distingue par sa forme en demi-lune, des volumes en rondeur que l’on retrouve soigneusement agencés dans la courette intérieure. Remarquez les deux entrées distinctes filles/garçons et la représentation de leurs activités (il faudra attendre le milieu des années 1970 pour que la mixité se généralise officiellement à tous les degrés de l’enseignement public). Les deux portes d’entrée en fer forgé ont également été réalisées par les Etablissements Brandt. Leur motif décoratif, des abeilles, évoque la ruche et le travail individuel nécessaire à l’édification de la société.
Un chantier difficile (1936-1952)
Dans un contexte de forte pression démographique, un projet d’une douzaine de classes approuvé en 1936 fut très vite jugé insuffisant. Il fut décidé d’y ajouter un étage supplémentaire qui comprenait deux classes l’une à gradins pour les cours spéciaux (physique, chimie,…) et des projections cinématographiques, l’autre destinée à l’enseignement ménager. Le chantier qui avait commencé en février 1937 dut être adapté, avec difficulté, à ces modifications importantes. Les travaux prirent du retard.
A peine en service, l’école se révéla trop petite. Un nouvel agrandissement s’avéra nécessaire mais les travaux stagnèrent durant l’Occupation. Le bâtiment principal, rue du Docteur Lebel fut terminé en 1952.
Préalablement, des décisions de 1948 et 1949 avaient arrêté la construction d’un « deuxième » groupe du Sud, au 21-23 rue d’Estienne-d’Orves (l’Annexe). Cette nouvelle tranche fut achevée en 1955.
Pour conclure
D’autres évènements ont marqué, depuis, ce bâtiment et la communauté scolaire qu’il accueille… Mais ceci est une autre histoire…
Si le bâtiment modèle profondément le quartier et le paysage urbain, il aura aussi marqué et marquera encore le vécu de plusieurs générations d’écoliers, de lycéens, de professeurs, de personnels. Grâce à cette exposition, espérons que chacun saura entrevoir l’intérêt que présente un tel bâtiment et en profiter… peut-être, porter un regard plus positif sur son lieu de travail.
Texte tiré et adapté de Henri Ouarez et Gustave Lapostolle Architectes 1920-1938, Archives et Patrimoine de Vincennes, n°2, septembre 2003. Publication réalisée par la Ville de Vincennes (Archives municipales). Consultable au CDI.
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